Association canadienne de linguistique
Canadian Linguistic Association


Suggestions pour la rédaction non sexiste Guidelines for Non-sexist Usage

Les principes suivants ont été développés au cours des années 1992-1993 par le comité de l'ACL et ont été adoptés en 1994. Ces principes sont destinés à sensibiliser les gens aux questions concernant les femmes et le langage. Les rédactrices et les rédacteurs des actes de l'ACL en tiennent compte en préparant les actes de la réunion annuelle.
The following guidelines were developed over 1992-93 by the CLA Committee on the Status of Women, and were adopted in 1994. These guidelines are designed to make people more aware of issues surrounding women and language. The editors of the Proceedings of the CLA take them into account in preparing the proceedings of the annual meeting.
Les pratiques sexistes sont celles qui tendent à dévaloriser, à passer sous silence ou à stéréotyper les femmes; il ne s'agit pas d'intentions, mais d'effets. Il existe maintenant une documentation considérable qui atteste du sexisme dans la plupart des activités et communications professionnelles, dont l'écriture académique. Les linguistes (comme les universitaires en général) doivent bien sûr se garder des pratiques sexistes dans le langage de leurs écrits, leurs citations etc., et surtout dans les phrases qui servent d'exemples, où le sexisme se manifeste souvent de façon très évidente. Parfois c'est la volonté d'alléger une prose assez sèche par l'humour qui mène au sexisme, parfois un simple manque d'attention.
Sexist practices are those that contribute to demeaning or ignoring or stereotyping women; sexism is not a matter of intention but of effect. There is now a considerable body of research that documents sexism in a wide range of professional activities, including scholarly writing. Although linguists (like all scholars) need to guard against sexist linguistic and scholarly practices in their main texts and accompanying citations and acknowledgements, sexism in the linguistics literature is most often obvious in example sentences. Sometimes this is the result of an effort to inject humour in otherwise dry prose; sometimes it is simply due to lack of attention.
L'ACL et ses membres adhèrent aux principes suivants qui visent à éliminer le sexisme dans les documents et publications de l'Association, ainsi que d'autres écrits linguistiques et, espérons-nous, dans les présentations et les communications. Les principes qui suivent identifient et interdisent certaines des pratiques les plus problématiques. Les principes généraux s'appliquent à tous les types de compositions, y compris les phrases construites comme exemples; des suggestions spécifiques ont trait à de tels exemples, aux références bibliographiques et aux remerciements. Pour une discussion plus ample ainsi que des principes beaucoup plus compréhensifs, des suggestions alternatives etc., voir:

Pour un genre à part entière: Guide pour la rédaction de textes non sexistes. 1988. Québec: Ministère de l'Éducation du Québec. (pour le français)

Ruth King et al. 1991. Talking Gender: A Guide to Nonsexist Communication. Toronto: Copp, Clark, Pitman. (pour l'anglais et le français)

Francine Wattman Frank et Paula A. Treichler. 1989. Language, Gender, and Professional Writing. New York: Modern Language Association. (pour l'anglais)

The CLA and its members adopt the following guidelines to help eliminate sexist language in the CLA's documents and publications and in other linguistics writing and, we hope, in talks and conference papers. The guidelines identify and prohibit some of the most problematic practices. The general guidelines apply to all kinds of writing, including constructed examples; specific guidelines are also included for example sentences and acknowledgements. For fuller discussion and a much more comprehensive set of guidelines that offers help with alternatives, see:

Francine Wattman Frank and Paula A. Treichler. 1989. Language, Gender and Professional Writing. New York: Modern Language Association. (for English)

Ruth King et al. 1991. Talking Gender: A Guide to Nonsexist Communication. Toronto: Copp, Clark, Pitman. (for English and French)

Pour un genre à part entière: Guide pour la rédaction de textes non sexistes. 1988. Québec: Ministère de l'Éducation du Québec. (for French)

  1. Employer des formes de référence parallèles pour les femmes et les hommes; par exemple, ne pas citer un chercheur uniquement par le nom de famille alors qu'une chercheuse reçoit un prénom et un nom de famille. Ne pas inventer des exemples avec des personnages tels l'homme d'affaires 'M. Blanchard' et sa secrétaire 'Sylvie'.
  2. Éviter des représentations stéréotypées, péjoratives ou dévalorisantes, par exemple les hommes qui agissent, alors que les femmes reçoivent passivement les actions des autres. Les hommes sont souvent les agents d'actions violentes ayant des femmes comme victimes. Nous suggérons qu'on évite de représenter les actes violents, peu importe le sexe des participant(e)s.
    On emploie parfois le verbe embrasser pour remplacer d'autres verbes qui dénotent des actions plus violentes; cette pratique, en combinaison avec des noms de participant(e)s choisi(e)s d'après des pratiques sexistes, aboutit à des préjugés hétérosexistes et sexistes, par exemple 'Tous les garçons ont embrassé Marie.'
  3. Éviter une série d'exemples ayant comme sujets exclusivement des femmes ou des hommes.
  4. Les références aux hommes ne doivent pas toujours précéder les références aux femmes. Le problème n'est pas simplement que cet ordre ne peut qu'accorder une place privilégiée aux hommes; en français, comme en anglais, cela place les hommes en position de sujet et les femmes en position d'objet.
    On peut parfois éviter ces problèmes en se servant de prénoms complètement ambigus quant au sexe de l'individu (par ex. Claude, Dominique). Il faut cependant faire attention avec ces noms, puisque la lectrice ou le lecteur leur attribuera un genre si les phrases contiennent des stéréotypes de genre.
  5. Éviter le contenu sexiste (ou autrement dévalorisant) dans les exemples (par exemple, 'L'homme qui bat sa maîtresse le regrettera plus tôt que celui qui bat sa femme' - un exemple réel, légèrement retouché).
  6. Les traductions ou gloses d'autres langues ne doivent pas introduire des asymmétries ou des spécifications quant au genre qui sont absentes dans la langue de départ. Par exemple, des phrases qui se réfèrent à des individus spécifiques sans pronoms explicites (par exemple en japonais), ou avec des pronoms non spécifiés pour le genre (par exemple en finnois), seraient traduites incorrectement en français avec le pronom il (ou avec he en anglais), qui communique sans ambiguïté l'idée de masculinité quand on se réfère à des individus spécifiques.
    Nota: Certains usages sexistes persistent dans les exemples inventés parce que l'emploi d'exemples familiers pour illustrer un phénomène linguistique particulier peut être effectivement utile (par exemple, les 'donkey pronoms,' ainsi nommés à cause d'un exemple utilisé lors de la première discussion du phénomène). Il existe en réalité très peu de cas où un exemple particulier est connu au point de sembler presque obligatoire pour discuter d'un phénomène donné; nous suggérons que l'on cite la source originale et que l'on propose ensuite un exemple proche mais non sexiste.
  7. Éviter en français l'emploi de pronoms masculins dits 'génériques,' tels il, avec des antécédents non spécifiés quant au sexe, ainsi que l'homme et les hommes (sauf en se référant de façon non ambiguë à des mâles). En anglais, éviter les formes masculines dites génériques, telles les pronoms he, his etc., avec des antécédents non spécifiés quant au sexe, ainsi que man et ses composés.
    Bien que sanctionnées depuis longtemps par les grammaires prescriptives, ces formes ne sont plus interprétées dans l'usage actuel comme incluant les deux sexes de façon égale, et elles tendent à suggérer que l'être humain par défaut est mâle.
  8. Éviter en français les titres d'emplois dits génériques (avocat, etc.). Utiliser des formes masculines (avocat) en se référant à des hommes, et leurs équivalents féminins en se référant à des femmes (avocate, etc.). Quand le sexe n'est pas précisé, utiliser les deux (les étudiantes et les étudiants de première année, les étudiant(e)s etc.).
    Les équivalents féminins pour les titres d'emplois suivent les règles morphologiques d'une langue. Éviter les composés avec femme (tels femme médecin), qui ont des connotations négatives. (voir 11a).
  9. En français, utiliser ensemble les formes masculine et féminine de certains pronoms (ceux et celles qui s'intéressent à la linguistique...).
  10. En français comme en anglais, éviter l'emploi de véritables génériques comme s'ils se référaient uniquement aux hommes (par exemple, 'On peut utiliser le language pour beaucoup de raisons - discuter avec sa femme...' ou encore 'En Amérique, on emploie beaucoup de jurons, mais pas en présence des femmes.').
  11. Éviter en anglais l'emploi de suffixes ou autres marques superflues ayant trait au genre des référents. De tels usages tendent à propager les stéréotypes sexuels pour une des raisons suivantes:
    1. Par la mise en relief du sexe des référents, la modification peut signaler une présupposition générale que les référents seront du sexe opposé (femme professeur, homme secrétaire), et que les référents modifiés sont donc en quelque sorte aberrants.
    2. Les marques conventionnelles pour le genre tendent à 'naturaliser' le sexe présupposé ou non-marqué des référents d'un substantif (stewardess, changing lady).
      La tendance en français est exactement la contraire: En français, on préfère utiliser les formes féminines où elles existent (voir 8).
  12. Veiller à ce que les femmes dont la recherche est pertinente ou dont les commentaires ont été utiles soient citées et reconnues au même titre que les hommes (voir aussi 1 ci-haut).
    Étant donné la perception traditionnelle des rôles respectifs des hommes et des femmes dans l'entreprise intellectuelle, il existe le danger que les idées proposées par des femmes et adoptées par des hommes seront rappellées comme proposées par des hommes, et que, de façon plus générale, les contributions intellectuelles des femmes ne seront pas dûment reconnues.
  1. Use parallel forms of reference for women and men; e.g. do not cite a male scholar by surname only and a female scholar by first name plus surname or construct examples with a cast of characters like executive 'Mr. Smith' and his secretary 'Mary'.
  2. Avoid gender stereotyped or demeaning characterizations; e.g. presenting men as actors and women as passive recipients of others' actions. Men are frequently the agents, women the recipients, of violent acts. We recommend the portrayal of violent acts be avoided altogether regardless of the sex or species of the participant.
    The verb kiss is sometimes employed as an alternative to verbs which refer to more violent acts; this use, combined with sexist practices in naming participants, results in heterosexist bias as well as sexist bias, e.g. 'All the boys kissed Mary.'
  3. Avoid peopling your examples exclusively with one sex.
  4. Avoid consistently putting reference to males before females. Not only does this order convey male precedence, in English and French it will put males in subject position and women in object position (see 2).
    These problems can sometimes be avoided by using names that are completely sex-ambiguous (e.g. Chris, Dana, Kim, Lee, Pat). However, caution should be used when employing these names, since they will be assigned gender by the reader where the content of sentences contains gender stereotypes.
  5. Avoid sexist (or otherwise derogatory) content in examples (e.g. 'The man who beats his mistress will regret it sooner than the man who beats his wife' - slight revision of actual example).
  6. In glossing forms from another language, do not introduce gender-specificity or asymmetry absent in the original. For example, sentences referring to a specific individual without overt pronouns, e.g. Japanese, or with a sex-indefinite pronoun, e.g. Finnish, are incorrectly translated into English (and into French) with the pronoun he (or il), which unambiguously conveys maleness in reference to specific individuals.
    Note: Some sexist usage in constructed examples persists because of the real advantages to using familiar example sentences to illustrate a particular linguistic phenomenon (witness 'donkey' pronouns, so christened because of an example used in the first discussion of the phenomenon). There are really only a very few cases where a particular example is so familiar as to be virtually obligatory in discussing a certain phenomenon; we recommend citing the original source and proposing a close but nonsexist alternative.
  7. In English, avoid so-called masculine generics such as the pronoun he (his, etc.) with sex-indefinite antecedents or man and its compounds (except in unambiguous reference to males). In French, avoid l'homme and les hommes (except in unambiguous reference to males).
    Although such forms have long been endorsed by prescriptive grammarians, in current usage they are not interpreted as unproblematically including both sexes equally, and tend to suggest that the default human being is male.
  8. In French, avoid so-called generic occupational titles (avocat, etc.). Use masculine ones when referring to a man (avocat) and their feminine equivalent when referring to a woman (avocate). When sex is indefinite, use both (les étudiants et les étudiantes de première annee, les étudiant(e)s, etc.).
    Feminine equivalents for masculine titles follow the morphological rules of the language. Avoid compounds with femme (femme médecin, etc.) which have the same connotations as English compounds with woman or lady (see 11a).
  9. In French, the masculine and feminine forms of certain pronouns may be used together (ceux et celles qui s'intéressent à la linguistique, etc.).
  10. In both French and English, avoid using genuine generics as if they referred only to males (e.g. 'Speakers use language for many purposes - to argue with their wives...' or 'Americans use lots of obscenities but not around women').
  11. In English, avoid adding modifiers or suffixes to nouns to mark sex referents unnecessarily. Such usage promotes continued sexual stereotyping in one of two ways:
    1. By highlighting referent sex, modification can signal a general presupposition that referents will be of the other sex (lady professor, male secretary) and thus that these referents are aberrant.
    2. Conventionalized gender-marking 'naturalizes' the presumptive or unmarked sex of the noun's referents (stewardess, changing lady).
      In French, the tendency is the opposite; where they exist, feminine equivalents are to be preferred (see 8).
  12. Ask yourself whether you have remembered to cite or acknowledge women as well as men whose own research is relevant or whose comments may have helped you (see also 1 above).
    Given traditional views of men's and women's place in intellectual endeavour, there is a danger that ideas advanced by women and adopted by men will be remembered as having originated with men, and that more generally, women's intellectual contributions tend to be underestimated.
Ces suggestions sont adaptées de celles de la Linguistic Society of America, avec la permission de la LSA.

Préparé par Monique Adriaen, Carrie Dyck, David Heap, Ruth King et Keren Rice.

Dernière mise à jour: 29 juillet 1996

These proposed guidelines are adapted from those of the Linguistic Society of America, with the permission of the LSA.

Prepared by: Monique Adriaen, Carrie Dyck, David Heap, Ruth King, Keren Rice.

Last updated: July 30, 1996


Dernière mise à jour Last update: 2023-06-28 18:34:03 -0300